Le portage du point de vue d'un physiothérapeute
Ces dernières années, j'ai essayé de comprendre au mieux le fonctionnement et la structure du corps humain. J'ai beaucoup appris sur les nourrissons et les jeunes enfants. Je pensais qu'avec ces connaissances, je me débrouillerais facilement avec un bébé. Puis mon fils est né, et je suis tombée dans le piège des mères primipares. Les conseils non sollicités ont commencé à affluer, et je me suis sentie complètement dépassée. Rien de ce que j'avais appris ne me revenait à l'esprit. J'étais complètement perdue au milieu de ces conseils et idées contradictoires. Qui croire ? Le médecin, l'infirmière ? Ou ma propre mère ?
Mais je n'ai pas pu rester longtemps dans ce doute, car seulement 11 jours (!!) après la naissance de mon fils, ma sœur a également accouché. Elle s'est tournée vers moi pour me poser ses questions pendant sa grossesse, et il en a été de même après l'accouchement. Contrairement à moi, elle avait confiance en mes connaissances et avait besoin de mon aide. À ce moment-là, ce fut comme un éclair, et tout m'est revenu. Nous avons donc rapidement adopté les écharpes de portage. À 3 semaines, les deux bébés ont fait une sieste joyeuse dans l'écharpe. C'était difficile au début, mais on s'y habitue.
N'abandonnez pas et faites-vous confiance ! Le portage est bénéfique pour le bébé et ses parents !
Pourquoi est-ce bon pour le bébé ?
Restons-en aux nouveau-nés. Leur colonne vertébrale n'est pas encore courbée. Celles-ci se développeront au cours de l'apprentissage du mouvement (lever la tête en position couchée sur le ventre, s'appuyer sur les avant-bras puis sur les paumes). Tant que le bébé n'a pas un tronc stable, la position fœtale est idéale pour sa colonne vertébrale et lui procure un sentiment de sécurité. L' écharpe extensible et l'écharpe tissée (bien nouées !) épousent parfaitement le corps du bébé, l'enveloppant presque. Ainsi, nous pouvons lui procurer une sensation similaire à celle qu'il ressentait dans le ventre maternel.
Outre la colonne vertébrale, la position des hanches est également très importante. Tout le monde a sans doute déjà entendu parler de la luxation congénitale de la hanche. On a même conseillé à certains d'utiliser des couches écartées pour la prévenir. Lors d'un portage (correct), le fémur est entièrement soutenu, ce qui assure une position optimale de la hanche. Cela peut même prévenir des conséquences plus graves. Bien sûr, si des couches écartées ou d'autres méthodes de traitement (par exemple, le harnais de Pavlik) sont nécessaires, il est impératif de les utiliser. Le portage seul n'est pas une thérapie ! Et encourageons nos bébés à passer du temps sur le ventre ; ce n'est que bénéfique. Je sais que c'est souvent difficile, mais vous y arriverez petit à petit.
On pense souvent à tort que les bébés portés présentent un retard de développement moteur. Pour mieux comprendre ce processus, examinons le neurodéveloppement.
À la naissance, nous acquérons une série de réflexes primitifs, notamment le réflexe de préhension, le réflexe de Moro et la réaction de Bauer. Ces réflexes disparaissent généralement vers 6 mois, laissant place à des mouvements conscients. Si ces réflexes primitifs persistent, ils entravent le développement moteur.
Il est également important de mentionner les schémas de mouvement élémentaires. Ce sont des séquences de mouvements complexes. Ces schémas peuvent être observés dès 26-28 semaines de gestation. Avec un système nerveux sain, une réaction motrice spécifique se produit en réponse à un stimulus spécifique, tant que la position du stimulus est maintenue. Si nous pratiquons la position assise soutenue ou la position assise avec un nouveau-né, son tronc se redresse et il lève la tête. S'allonger sur le ventre et lever la tête peut encourager le ramper, et soutenir sa poitrine peut encourager le ramper élémentaire. La marche élémentaire peut également être initiée avec la même simplicité. Lors de ces schémas de mouvement, des réflexes primitifs sont également déclenchés, facilitant le mouvement. Cela montre qu'un nouveau-né doté d'un système nerveux sain est capable (ou sera capable) de s'asseoir, de ramper et de marcher.
À mesure que le système nerveux se développe, ces schémas moteurs élémentaires se transforment progressivement en mouvements conscients. Bien sûr, il faut laisser de l'espace à ce développement. Nous devons permettre au bébé d'explorer ses capacités en toute sécurité, près de sa mère.
Porter apaise le bébé, mais s'il est constamment porté, il ne peut pas s'entraîner aux mouvements, même si son système nerveux y est préparé. Soyons francs, personne ne porte un bébé 24 heures sur 24. 
De plus, son développement moteur est si important qu'il est impossible de forcer un bébé à adopter une position qu'il ne souhaite pas. Une fois qu'il a appris un nouveau mouvement, il le pratique car il lui procure de la joie. C'est particulièrement vrai pour les changements de position. Il apprécie de pouvoir se déplacer seul d'un point A à un point B.
Ainsi, si vous portez votre bébé avec les bons ajustements et en tenant compte de ses besoins, vous ne freinez pas son développement moteur. Au contraire, dans de nombreux cas, cela peut même l'aider. Après tout, le bébé est plus en sécurité avec sa mère et peut explorer le monde tout en restant proche de celle qui représente tout pour lui.
Pourquoi est-ce bon pour la mère ?
Les câlins, la proximité avec le bébé et le confort sont sans doute les premiers concepts qui viennent à l'esprit lorsqu'on pense au portage. Outre ses effets émotionnels et psychologiques, le portage a également des effets bénéfiques sur notre corps.
Dans une étude de 2019*, des chercheurs ont examiné les effets du portage sur les articulations des hanches du porteur. Les participants ont marché 15 minutes en portant leur bébé dans les bras, puis l'ont porté (devant) dans un porte-bébé pendant 15 minutes supplémentaires. Ces résultats ont été comparés à ceux de la marche normale des participants. Il n'est pas surprenant que le portage dans les bras sollicite beaucoup plus les articulations, en particulier les genoux. Ce qui est surprenant, en revanche, c'est qu'il n'y a pas eu de différence significative entre la charge exercée par le portage dans un porte-bébé et la marche normale, tant au niveau des genoux que des chevilles. Cela signifie que le portage n'exerce pas plus de pression sur les articulations du porteur que la marche normale. Bien entendu, l'étude ne s'est appliquée qu'à de courtes périodes de portage. Des problèmes peuvent survenir lors de portages plus longs. Vous pouvez en savoir plus sur les bienfaits scientifiquement prouvés du portage ici.
Tout d'abord, il faut vérifier les réglages du porte-bébé. Un équipement mal réglé est souvent source de problèmes. Bien sûr, même avec un porte-bébé bien réglé, des problèmes peuvent survenir. Souvenez-vous de la dernière fois où vous avez porté un sac à dos de 8 à 10 kg ? Si nous ne sommes pas en forme, nous risquons de nous fatiguer. La plupart des gens ont des muscles abdominaux faibles, responsables de la stabilité du tronc et du bon positionnement du bassin. Si des problèmes surviennent dans cette zone, le poids supplémentaire entraînera des problèmes. Il est essentiel de maintenir son corps en bonne forme. Tout comme certains bébés ont besoin de s'habituer au porte-bébé, certaines mères ont besoin de s'y habituer aussi. Vous pouvez progresser progressivement. Commencez par porter pendant seulement 5 minutes, puis augmentez progressivement la durée. Il est important que le portage soit également une source de joie pour la mère.
Les porte-bébés sont conçus pour répartir le poids du bébé sur les épaules et la taille (ventre et dos), laissant les bras libres. En portage sur la hanche, la charge est unilatérale ; il est alors important d'alterner les deux côtés, et il est déconseillé de porter dans cette position trop longtemps. Les points critiques sont donc les épaules (+ haut du dos), la taille et les hanches. Il est important de renforcer ces zones si l'on souhaite porter bébé.
Une fois habitués et capables d'utiliser le porte-bébé sans problème (nouage et réglage corrects des sangles), nous constatons à quel point la vie est plus facile. Pour nous, cela a été une véritable bouée de sauvetage lors de l'angoisse de la séparation.
Vanda Abraham
Physiothérapeute
* https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0966636218314218?via%3Dihub